[COP27] Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques : les 3 attentes de la Fondation Tara Océan

La 27ème Conférence des Parties (COP) sur les changements climatiques se tient du 6 au 18 novembre à Sharm el-Sheikh en Egypte. La Fondation Tara Océan regrette l’espace extrêmement limité qui sera accordé à la société civile lors de celle-ci.

COP27

Le 7 novembre 2022

Le récent rapport publié par le Programme Environnemental des Nations-Unies (UNEP) annonce que les politiques actuellement en place laissent présager une hausse des températures de +2,8°C d’ici la fin du siècle. Pour atteindre l’objectif de +1,5°C, les émissions doivent baisser de 45% d’ici 2030. Ces chiffres ne relèvent pas de mesures superficielles de la part des États mais bien d’une transformation urgente et en profondeur de notre système.

Dans une vision ambitieuse et cohérente de ce que devrait être cette COP27, la Fondation Tara Océan souhaite porter trois principaux messages.

1- Production plastique mondiale et changement climatique : un changement de paradigme indispensable pour une réduction des émissions carbone

En l’état des prévisions actuelles, la production mondiale de plastique devrait a minima tripler d’ici 2060. Or, il existe un lien important entre la production plastique et le réchauffement climatique. En ne prenant en compte que l’extraction des ressources pétrolières et leurs transformations en plastique, on constate que ce secteur économique émet 1,8 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, soit 3,4% des émissions globales. D’ici 2050, elles devraient quadrupler, atteignant 15%, ce qui fera de ce secteur un des contributeurs majeurs au réchauffement climatique.

La dégradation du fonctionnement des écosystèmes par les déchets plastiques et, entre autres, la réduction de capacité du vivant à pleinement contribuer au cycle naturel du carbone, est aujourd’hui soulignée par plusieurs études. C’est particulièrement vrai pour les écosystèmes océaniques, réceptacles de plus 11 millions de tonnes de plastiques par an.

La prise en compte de la production de plastique est un impératif pour conduire une stratégie crédible de réduction de nos émissions carbone. Elle implique un changement de paradigme profond : la réduction drastique de la production des plastiques éphémères et leur remplacement par des modèles économiques plus vertueux mais aussi la réduction des plastiques les plus problématiques pour l’environnement (chlorés, perfluorés, hydro-perfluorés, styréniques,…). Enfin, cela nécessite de repenser nos modèles de collecte, avec un objectif de zéro fuite de plastique vers l’Océan, et de traitement des déchets.

2- Carbone bleu et compensation des émissions de gaz à effet de serre : rester vigilant sur une utilisation assimilable à du «bluewashing »

Dans les discussions de plus en plus fréquentes sur la prise en compte du « carbone bleu« , c’est à dire le carbone de l’atmosphère qui est capté et stocké par différents écosystèmes marins (mangroves, herbiers, plancton), un point d’attention est nécessaire sur la création de futurs mécanismes de comptabilité des tonnages de ce CO2 séquestrés par l’Océan. Pour l’instant, au-delà des modèles existants pour les écosystèmes côtiers (mangroves, herbiers), la science peine encore à estimer la séquestration de CO2 par les écosystèmes planctoniques. Sans base scientifique solide et complète, le risque est de voir des chiffres aléatoires et un risque de blue washing.

Nous estimons aussi que les propositions de compensation des émissions de carbone issues des activités en mer par ce carbone bleu ne doivent pas se transformer en projets qui financeraient des fausses bonnes solutions, comme celle de la mise en place des « forêts de posidonie » en Méditerranée.

3- Changement climatique et sécurité alimentaire : coopérer scientifiquement pour comprendre et prédire les conséquences sur les ressources clés et mieux les protéger

L’impact du changement climatique est d’ores et déjà visible sur certaines espèces clés pour la subsistance alimentaire d’une immense part de la population mondiale. En Afrique de l’Ouest, la goélette Tara était de passage dans l’upwelling sénégalo-mauritanien. La perturbation de son fonctionnement impacte la taille et l’abondance des sardinelles, l’espèce d’intérêt pour les pêcheries artisanales locales.

Pour prendre des mesures d’adaptation à ces changements induits par le dérèglement climatique, il faut d’abord en comprendre les causes et les mécanismes. Or, les pays en développement ne disposent pas des ressources nécessaires. Navires de recherche, financement d’équipements, formation des personnels : il est urgent que les pays développés contribuent au financement de ce renforcement de capacités dans les pays en développement. Elles sont une condition sine qua non pour la mise en place de plans de gestion durable et de programmes de recherches locaux et pérennes.

Cet effort de coopération scientifique entre les pays est primordial pour les futures COP et toutes les autres négociations sur le climat et la biodiversité à venir, pour des prises de décisions fortes et contraignantes de la communauté internationale nécessaires pour l’atteinte de l’objectif +1.5°C.

Par André Abreu, Directeur plaidoyer et coopération internationale, Henri Bourgeois Costa, Directeur des affaires publiques – mission économie circulaire et Martin Alessandrini, Chargé de mission plaidoyer, Fondation Tara Océan

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Romain Troublé, Directeur général de la Fondation Tara Océan et Président de la Plateforme Océan et Climat (POC)

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